Adhérer, et participer à la transformation énergétique des territoires
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Portrait : Lola Turpin

Animatrice de collectifs citoyens d'énergies renouvelables

“ Ce qui me nourrit dans ce métier, c'est l'humain ! Ces personnes qui se donnent à fond, bienveillantes et accueillantes, et qui ont envie de changer les choses avec toi. Mon rôle : être une personne de réseau : partager le contact d'une personne à une autre, lui permettre d'accéder à une info dont elle a besoin, connecter les êtres humains entre eux. J'aime me dire que je facilite la vie des collectifs. ”

Loire-Atlantique      05.04.2025

Enr citoyenne

Actualité

Toi, Lola Turpin, qui es-tu ?(un détail, un talent, une info perso)

C’est drôle, c’est la question que j’entends le plus souvent en ce moment : je viens d’arriver dans le réseau des énergies renouvelables en Pays de la Loire. Petite anecdote : si vous tapez Lola Turpin sur votre moteur de recherche favori, vous avez de grandes chances d’atterrir sur les pages web de Lola Turpin, Miss Aquitaine 2023. Au risque de vous décevoir, il ne s’agit que d’un homonyme ! Plus sérieusement, si j’avais une info perso à vous partager, ce serait mon lien fort avec la mer : pêcher, nager, faire de la plongée… Ou le fait que je soigne ma difficulté à émerger le matin avec des cures intensives de thé matinaux.

Comment es-tu arrivée chez Alisée ?

Mon rêve d’enfant était de devenir réalisatrice, et j’ai continué dans cette lignée pendant une dizaine d’années en travaillant dans l’audiovisuel, à Paris puis Nantes. Avec le temps ma compréhension du monde a changé, et mon rêve d’adulte s’est transformé avec mes convictions écologiques : j’en ai eu assez du nombre de versions de rushs à mettre en ligne pour un temps indéterminé, de l’incitation à changer tous les deux ans de matériel, de me retrouver à l’occasion à faire du montage de projets vides de sens… La question de la reconversion professionnelle a fait surface et après être retournée une année à la fac j’ai eu la chance d’intégrer l’ADEME en Martinique, notamment comme chargée de communication Antilles-Guyane, avant de mettre la main à des projets concrets, toujours à l’ADEME puis une association sur le bâtiment durable, pour ensuite arriver chez Alisée à mon retour à Nantes. Une manière de boucler la boucle, parce que ce que j’ai oublié de vous dire, c’est que je connaissais l’association depuis quelques années déjà en participant, avec un groupe de voisins, au défi Familles à Energie Positive dans le but de réduire nos consommations d’énergie.

Quelle est ta mission chez Alisée ?

Mon rôle est d’aider à massifier la présence citoyenne dans les énergies renouvelables de notre territoire. Je fais émerger ce que l’on appelle collectifs citoyens dans notre jargon : des groupes d’habitants des communes de Loire-Atlantique qui souhaitent mieux comprendre la question de l’énergie locale et renouvelable, et participer à mettre en place des projets. Concrètement, j’anime des rendez-vous avec ces collectifs, je les aide à identifier les différentes typologies de projets, à connaître l’écosystème local, les outils citoyens à leur disposition, les réglementations, les compétences dont on a besoin pour un projet citoyen… Je les aide à se structurer, aussi. En parallèle, j’identifie les problématiques énergétiques d’aujourd’hui et celles de demain.

Et la qualité la plus utile dans ton métier  ?

Sans aucun doute la curiosité. La curiosité humaine, l’écoute et l’empathie, afin de faire ressortir des informations, donner la possibilité de s’exprimer, d’identifier des blocages, de résoudre des problèmes. Mais aussi la curiosité au sens de l’innovation. Je navigue dans un environnement très mouvant : des nouvelles lois en matière d’énergie, de nouveaux acteurs, de nouveaux concepts … Il faut laisser « trainer ses oreilles » un peu partout, poser des questions, et aussi savoir les traduire. Le sens de l’organisation est également sollicité au quotidien : il y a beaucoup de matière à traiter et à prioriser !

Un challenge sur le terrain ?

Faire durer les collectifs malgré le contexte changeant ! Sur le terrain de l’innovation, les choses bougent vite alors que les projets citoyens sont plutôt planifiés sur un temps long pour créer une dynamique collective et monter en compétences. Il faut savoir s’adapter, apprendre, ajuster et se remettre en question tout le temps. Ma mission : prendre soin des collectifs. S’assurer que tout le monde trouve du plaisir dans cet écosystème et ne s’épuise pas trop.

Personnellement, j’ai envie de monter en compétences techniquement afin de creuser de nouvelles thématiques, comme pour les boucles d’autoconsommation collective citoyenne qui commencent à voir le jour. Défricher les sujets, m’inspirer d’autres territoires, prendre du recul sur le modèle qui nous correspondrait sur la Loire-Atlantique, imaginer les modalités de travail en commun.

As-tu une idée reçue que tu aimerais déconstruire ?

Je vois deux idées reçues. La première : « est-ce que ça sert vraiment à quelque chose tout ça ? » Face aux capacités de production du nucléaire, les énergies renouvelables citoyennes sont parfois considérées comme dérisoires. Pourquoi mettre autant d’énergie dans un système à faible volume ? Ma réponse, la résilience : si une énergie craque, il existe d’autres solutions. Pour moi, la pluralité du mix énergétique est capitale. Mais aussi la résilience sur les questions de gouvernance : réinventer l’énergie en local, c’est également une aventure humaine, une manière de créer de la démocratie au quotidien sur des questions essentielles pour l’avenir de la société.

La deuxième : « je n’y connais rien en énergies renouvelables, je ne suis pas ingénieur ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, nos bénévoles n’ont pas besoin d’être des experts de l’énergie. Nos collectifs, ce sont des personnes qui ont de l’envie et un peu de temps : on a besoin de compétences très variées comme le sens de l’organisation, la communication, l’animation, le juridique… On ne dira jamais non à quelqu’un qui souhaite s’impliquer, il y a tant de manières de le faire !

Le mot de la fin ?

Ce n’est qu’un début.